sam, 17/08/2013 - 09:08
#1 [4]
De la Progression Virale d'un Média
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Le "cas" Psy est effectivement intéressant : ce n'est pas tant que la première video a marché, c'est que parce que la seconde n'a absolument pas exploité convenablement les bonnes leçons issues de la première. Et il est logique qu'elle fonctionne moins bien même si on sent la patte de Psy dans ce boulot.
Qu'est-ce qu'on a dans la première vidéo "gangnam style" ? Des ingrédients particuliers. On va les résumer à la suite de ton intervention.
* grotesque et décalé. Psy est premièrement "clipé" comme une star de la pop internationnale : avec ces figures du vidéo-clip presque imposées pour une méga star, d'avoir une chorégraophie avec des danseurs qui positionnés en triangle ou à côté, font leur chorégraphie, synchrone. La technique date, on la retrouve même chez notre Claude François national c'est dire ! Et cette façon de chanter et danser est normalement la chasse gardée des méga-stars établies, en passant par les icones telles que M. Jackson pour ne citer que lui. Et Psy : dans son clip, une fois posé comme star, avec les codes du genre, s'évertue à détruire cette posture de l'intérieur, avec une danse grotesque, à savoir "la danse du cheval". Le clip enchaine les rupture de perspective : Psy en gros plan est sur un transat avec des lunettes de soleil, il se la coule douce, gros cliché de star, puis plan élargi : en fait il est dans un bac à sable dans un cadre bien urbain et logiquement il n'a pas les moyens d'une star. Ca résume bien la toute la posture et l'ambition volontaire de présenter Psy de façon grotesque et décalée.
* l'allusion sexuelle, un ingrédient essentiel. Sylvester Stallone a commencé sa carrière dans le porno et le film s'intitulait "l'étalon italien". Alors le cheval... n'est qu'une grosse référence à peine implicite. C'est gros comme une ficelle : mais ça fonctionne. "Gangnam style" fait bel et bien référence à la position "doggy style" et à l'érotisme associé. Le terme "style" et le choix inapproprié de l'animal font mouche dans le titres qui semble comme sorti de son contexte. Le clip abonde d'ailleurs en postures douteuses : avec la scène de l'ascenseur en particulier. Qui n'a pas reçu dans sa boite mail un spam avec deux ou trois photos présentant la fameuse pose ? Personne ne capte rien au Coréen : mais "gagnam style" et le cheval, ça sent la niche persverse sexuelle à deux balles, juste déplacée et postée sur un support de vaste audience.
* pas banal : sorti de nos écran plats coins carrés de de nos smartphones sous android, on n'avait pas vu la Corée sous cet angle.
* la facilité de reproduction du virus : si l'on s'en tient au simple clip de Psy, c'est le recordman absolu. Le contenu musical est simple à reproduire avec un séquenceur moyen. Et le clip accumule les plans reclippables à l'inflini par des copieurs. Psy dans le parking refait le coup de Michael jackson dans son parking avec son clip Bad. Mais le coup de boost est aussi venu des reproductions / imitations connexes. Pensons aux vidéos de tout ceux et celles qui ont fait "leur version" de gangnam style. Pour exemple, des versions en machinima des fans de Skyrim et de tous les jeux en 3D où ton héros de RPG traverse des régions entières à cheval : jeux et communautés de gamers, qui réinsèrent le délire de Psy dans leur univers de gamers. On trouve même un "minecraft style" c'est dire. Des communautés sociales, sans rapport, mais qui par effet de "visionnage des vidéos associées" sur youtube produisent une avalanche de visites complémentaires sur l'original. Donc un contenu s'il veut être viral, doit être assez facilement "reproductible", et cette "haute reproductibilité" produit des imitations, des pastiches du pastiche, et un vértiable effet d'ascenseur culturel, qui renvoie toujours à la source, l'original : le clip de Psy. Le look de Psy est simple. Les couleurs flashy dans le clip qui permettent de bien distinguer les éléments les uns des autres. Les lunettes noires de Psy qui sont faciles à se procurer : contrairement à toutes les autres stars, Psy a un look "facilement reproductible" qui pousse au mimétisme et à la répétition. Cet espèce de pulsion du clonage envahit les ados qui s'évertuent à faire leur cover song en apprenant les phonèmes Coréens par coeur et chantent une bouillie que même un Coréen expert en xénolinguistique n'entraverait pas après huit ans d'études intensives.
* gros : gros sons en dent de scie sur le chorus, pour passer d'équerre dans tous les hauts parleurs, même pourris ; gros plans rapprochés, histoire d'être visible même sur les petits écrans de smartphones pilotés par des geeks et des ados qui s'envoient frénétiquement les vidéos débiles dans des télex facebook ou twitter. Le format du clip alterne plans hyper-rapprochés et plans larges autorisant finalement le snapshot sur tous types de médias, qu'ils soient de qualité ou pourris.
* marrant au bout de 30 secondes maxi. Le clip t'arrache un rictus le plus rapidement possible.
Que peut-on dire d'autre ?
L'Administrateur