jeu, 06/03/2014 - 01:16
#1 [4]
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Sur le plan du pognon, j'ai une position spéciale ; en effet, j'ai décidé que www.refra.fr ne serait pas un site qui "vend" un produit. Donc pas de revenus, pas de pubs qui rapportent, pas de téléchargement payant de ressources, pas de demandes de "dons" via paypal, pas d'incitation à générer du traffic pour avoir le droit d'être promu en retour, ... bref, on pourrait croire que je suis anti-capitaliste. Non pas que je n'aime pas gagner de l'argent. Ce que je n'aime pas, c'est la "connaissance à péage". Et j'ai fait le maximum pour débarasser ce site de toute entrave à la diffusion de la connaissance. Il y a parcontre des progrès à faire sur la clarté de l'info ou sur la mise en forme des tutoriels. Sur la réalisation de tutoriels à destination d'un public plus avancé, par exemple. Mais indépendemment de ça, je n'exige absolument aucun fric pour accéder au contenu.
J'ai toutefois refusé de pirater renoise, et volontiers payé, comme beaucoup, la licence renoise, que j'ai effectivement trouvé ridicule. Mais je n'ai pas payé le produit renoise existant parce qu'il n'était pas cher ; car j'ai les moyens de cracher 10 fois plus ; non, j'ai payé le produit renoise à venir, nuance. Car je fonctionne exactement comme les gens de la finance internationnale : ce que je donne n'est pas la rétribution d'un produit déjà existant, ce que je donne c'est une façon de miser et de garantir l'avenir. Le secret de la finance, c'est qu'elle ne finance que le futur.
En fait, selon ce point de vue, je ne suis pas anti-capitaliste. Du tout, et comme bien des gens, j'aime entasser dans ma tirelire en forme de cochon rose, des pièces de 2euros, et de temps en temps, secouer ma tirelire pour vérifier ce qu'il y a dedans. Faire des stalagmites avec des pièces de monnaie, même des centimes d'euros, en triant les pièces et en les associant par formes et par valeur, c'est un super passe-temps. Déjà.
Et ma position c'est que, quand je verse mon argent, c'est pas parce que j'ai bénéficié d'un service passé, ou parce que j'ai utilisé un objet ou un produit existant. Je donne de l'argent, pour pouvoir utiliser le produit ou le service "de demain" que tel ou tel personne ou telle ou telle entreprise pourrait développer - si tant est qu'elle puisse en avoir les moyens. En gros, l'argent pour moi, c'est pas égal à la valeur de ce que j'ai consommé ; l'argent donné, c'est ma façon d'assurer une garantie minimum sur ce qui va se produire dans le futur. Comment pourrais-je donc reprocher à des entités géantes de faire - en gros - ce que je fais moi-même en minimaliste avec mes pièces de deux euros que je donne volontiers "à qui promet" ?
Par exemple, le type qui vend son tool, il peut le vendre, ça n'a pas d'intérêt d'acheter son tool. Parcontre, ce que je peux acheter, à travers le tool, c'est la garantie que ce type va pouvoir continuer à bosser sur des futurs tools dont certains pourraient m'intéresser. Parce qu'il y a des tools qui sont super pratiques ! Si je lui paye son tool, ce n'est rien de moins que pour cette raison. Je lui paye son tool parce que je veux qu'il continue à bosser comme il l'a fait sur ses projets de tools. Car si je ne le finance pas, il va devoir changer de méthode et gagner autrement sa life, et arrêter la programmation. Fini les tools de qualité qu'il a pondus, c'est aussi simple que ça.
Pensons par exemple au crowdfunding, à la kickstarter ; c'est dingue comment les gens aujourd'hui refusent de payer pour un projet, un produit, un programme, déjà existant dans la réalité, mais micro-financent spontanément et sur l'échelle globale, des projets d'avenir qui n'existent pas encore, pas du tout, ou qui pourraient exister, de façon hypothétique ; et les gens, ils font ça, plus qu'ils ne paient des produits "déjà conçus" qu'ils piratent dès qu'ils peuvent en particulier les produits numériques ;
Quand tu voies par exemple l'occulus rift (une avancée majeure dans la VR grand public bon marché), qui a été crowdfundé sur des millions de dollars de plus que ce qui était prévu à l'origine, et qui est en passe de tout foutre en l'air tout ce qui a pu exister au niveau de l'expérience vidéoludique, et même je dirais, de l'expérience vidéo tout court... eh bien, ce que les gens payent quand ils payent leur prototype ; ce n'est PAS le prototype, justement, qu'ils achètent, c'est leur propre futur de gamers, qu'ils garantissent. Ils financent leur futur de consommateur de produit 3D, ils financent leur future immersion, dans la nouvelle réalité virtuelle, celle où tu fais de moins en moins le distingo d'avec la réalité réelle...
Aujourd'hui, de quoi les gens manquent dans la musique ? Probablement ils manquent d'un artiste de leur génération, qu'ils peuvent suivre au delà d'une saison, d'un disque, d'un clip. Ils veulent avoir comme ça, une tête qu'ils retrouvent et qui les accompagne, d'année en année, qui parle des choses qui les touchent et qui a une approche culturelle en résonnance avec ce qu'ils sont en train de vivre. S'ils vivent dans l'éphémère, l'incertitude, ils vont aspirer à une trajectoire artistique de longue durée et veulent d'un artiste qui fait carrière et qui ne les laisse pas tomber.
Pensons par exemple à ces artistes qui sont micro-financés sur http://www.mymajorcompany.com/ par leurs propres fans, lesquels sont placés en position de membres d'une société de co-producteurs, finalement. Ces gens sont-ils anti-capitalistes ? Pas du tout, ils appliquent au contraire l'esprit de la finance de façon directe sur le futur de l'artiste ; c'est un peu comme un tamagoshi, dont on s'assure le développement ; ils se disent qu'en payant l'artiste ils pourront s'assurer de sa survie dans la jungle du showbiz, et qu'il passera la saison nouvelle ou le stade du second album. On voit tout ça comme un système alternatif au système actuel. Mais il faut qu'on s'entende sur la sens du mot "alternatif" : une alternative, c'est une variante du même modèle que le modèle mainstream. La variante elle ne remet pas en cause les contantes fondamentales, elle fait simplement que le financement n'est plus produit par une poignée de gros pleins de frics, mais par une foule de "petits actionnaires" de la culture. Après, tout est question de savoir en quoi une culture démocratique est toujours supérieure à une culture produite par des élites avec les moyens des élites.
Certaines oeuvres cultes, jugées comme étant d'avant garde au temps de leur sortie, ont fait un bide : elles n'auraient eu aucune chance de voir le jour sans la volonté et le courage éconmique de leurs auteurs. pense par exemple à Melody Nelson, de Gainsbourg. A l'époque, franchement, à part quelques connaisseurs, qui a vraiment compris l'oeuvre ? S'il avait fallu financer ça sur my major compagny, ça aurait été juste été avorté "dans l'oeuf". Et puis aujourd'hui, quand tu écoutes Melody Nelson, tu trouves le style des musicos, les partis pris, les choix, tout quoi, super actuels, la réalisation, globale, l'arrangement, le travail, sur chaque contre temps, le groove, la mise en avant de la basse, du texte, c'est juste un disque d'avant garde injustement et complètement raté par la culture démocatique de son temps, c'est tout.
lapiNIC [8]