La culture musicale c'est l'effet d'une pratique d'écoute quotidienne. La meilleure façon d'en fonder une, c'était hier d'écouter les stations radios ou de passer une après-midi par semaine chez ton disquaire, aujourd'hui, c'est d'aller sur les radios internet à thèmes ou à genres ; tu choisis un thème ou un genre, et tu écoutes. Ca te plait tu mets en favoris ça te plait pas tu oublies.
A un moment donné tu reviens sur tes favoris, avec une latence de quelques semaines, ou quelques mois, et tu effectues une sélection sur ta présélection, une fois retiré ce qui ne te plait plus, reste "ce qui t'accroche dans le temps"... car disons que si lors d'une ré-écoute espacée de quelques semaines, ça ne te plait plus c'est mauvais signe pour la song mise en favoris, ça veut dire qu'elle n'est pas assez sympathique sur le long terme.
Avec le temps, tu gardes une playlist qui évolue, et qui te suit, sur un an, deux ans, cinq ans, dix ans, au final tu as une espèce de "nuage de favoris" qui forment une espèce de "sauce musicologique mentale", le substrat de tes influences. Au bout que quarante balais crois mois ton nuage est dense.
Ce substrat va orienter plus ou moins explicitement tes choix dans les compositions. Tiens prends par exemple ma song "the zeta mindjack [8]", mes influences c'est Daft Punk [9], pour les formants en tache de fond, dans la dernière que j'ai publié récemment "she left the appartement [10]", yen a aussi, mais je n'ai pas souhaité les aliaser trop, les réglages diffèrent, mais le fond est là... à un moment donné, sur "she left the appartement" tu entends aussi des samples de synthés de cordes/violons en tache de fond, avec une progression très lente. Cette façon très particulière d'utiliser des strings synthétiques avec une attaque ADSR très, très lente, a été initialement développée pour l'audition de masse par notre vénérable pape national de l'electronica : j.m.j. [11] Tu écoutes par exemple "equinoxe partie 2 [12]" à partir de 1:56, et bam, tu retrouves quoi, la même attaque hyperlente sur les violons. A chaque fois que tu entends ça dans une de mes compos, historiquement, ça vient de mon enfance, je suçais encore mon pouce, je matais un 33 tours avec une petite sirène, je lisais à peine les symboles dessus "disques dreyfus", et sur les deux hauts parleurs, sortaient ces sons de violons progressifs : j'avais même pas l'expérience de sons de violons "réels", j'ai été carrément mentalement imprégné par le son synthétique, au point où lorsque j'ai écouté un véritable orchestre, ça m'a posé un problème, je trouvais que ça avait trop de caractère, que la gestion de l'intensité n'était pas assez bien maitrisée comme j'aimais. Après j'ai appris à apprécier le classique, et les orchestrations classiques réelles, mais il m'a fallu un temps monumental.
Moralité, si on cherche bien, je suis certain qu'on retrouve un paquet d'influences comme ça un peu partout dans mes tracks, en se disant qu'à chaque fois que j'en place une ici où là c'est simplement parce que ça fait mentalement partie de mon cerveau musical.
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[6] http://refra.fr/portail/comment/4318#comment-4318
[7] http://refra.fr/portail/user/1
[8] https://soundcloud.com/kurtz-lapinic/the-zeta-mindjack-r3
[9] https://www.youtube.com/watch?v=D8K90hX4PrE
[10] https://soundcloud.com/kurtz-lapinic/she-left-the-apartment
[11] http://jeanmicheljarre.com/
[12] https://www.youtube.com/watch?v=v72kceqZ8W0